réponse courte : non
Réponse développée par Kian Habibian, cofondateur de l’association We Are Iranian Students, dans cet article https://www.rfi.fr/fr/moyen-orient/20250618-guerre-isra%C3%ABl-iran-les-iraniens-ont-avant-tout-un-sentiment-d-abandon-total :
Certains présentent pourtant cette offensive comme une opportunité pour la population iranienne d’être libérée de ce régime oppresseur.
Que l’on soit bien d’accord, il n’y aura pas de larme versée pour les dignitaires du régime iranien. Ce sont des gens qui n’ont pas hésité à couper internet en 2019 pour massacrer au moins 1 500 personnes en trois jours loin des regards. Mais aujourd’hui, lorsqu’on voit la guerre en cours, on fait le parallèle avec l’Irak [ravagé par la guerre du Golfe en 1990, NDLR]. Quel pays peut-on construire sur les ruines d’une guerre ? On ne libère pas un pays en le bombardant. Les gens en Iran ont mené quatre décennies de révolution pacifiste. Il y a des ethnies qui ont des armes en Iran, les séparatistes kurdes, les Baloutches par exemple. S’ils ne prennent pas les armes, c’est qu’il y a une raison.
On a besoin de justice, on a besoin de développement, d’une transition apaisée. C’est très difficile pour une population de considérer que sa révolution est réussie lorsqu’en fait il y a une intervention de l’extérieur et d’autant plus une intervention aussi violente. Il y avait mille autres solutions pour intervenir. Ils auraient pu tout simplement écouter les demandes de la société civile et arrêter de négocier avec le régime, arrêter de dégeler des avoirs et d’offrir à chaque fois des lignes de secours à la République islamique. **En refusant d’aider les Iraniens à l’intérieur du pays à débattre et à nourrir des idées de transition, ils ont empêché la création d’une opposition de l’intérieur. Aujourd’hui, il y a des figures d’opposition, mais rien n’est organisé. Et finalement, on vole à la population iranienne son droit à l’autodétermination. **
Donc, aujourd’hui, je trouve ça aberrant de dire que « c’est une solution pour passer à autre chose ». Les Iraniens pour la plupart sont en mode survie. La question aujourd’hui n’est pas de savoir ce que l’on fait après Khamenei. La question est « où est-ce que je vais ce soir ? Parce qu’il y a des bombes qui pleuvent, que je n’ai que 15 litres d’essence et qu’il y a des kilomètres de bouchon. » C’est ça la priorité des Iraniens et c’est la priorité de tous les civils dans le monde, c’est de vivre. J’ai l’impression que les gouvernements du monde entier l’ont oublié.